Web curator l'art du recyclage à l'ère du push-pull instantané


Par Rédacteur Web le mercredi 2 février 2011, 01:41

abstract : web curator curation de contenus

Le site des anciens étudiants du cycle universitaire Multimédia Numérique Interactif et ses Applications (DUMAC) publie un billet sur un nouveau terme qui semble avoir le vent en poupe : Web Curator

Il s'agit en fait de jouer sur et autour des mots avec un nuage d'anglicisme afin de désigner une fonction proche du documentaliste et du chargé de veille, puisqu'il s'agit de collecter les informations par thématiques en vue de les mettre à disposition sous forme de contenus classifiés, étiquetés et dépoussiérés.

Dans le beau chaos du web x.0, on veut maintenant nous forcer à poser notre attention (notre temps de cerveau disponible non distrait) sur ce qui est considéré comme beau, utile, drôle et qui est - par un malheureux concours de circonstances - tombé dans les oubliettes ? C'est un peu comme le titre d'un article publié sur le web : "10 idées pour tirer parti des archives de votre blog" : c'est vrai ça, l'info instantanée doit pouvoir revenir encore et encore, il faut asséner, rabâcher, revendre, tenter de faire de l'argent avec des vieilleries, et du neuf avec du vieux ! Et si l'argent n'est pas au bout de la chaîne de publication, qu'à cela ne tienne, c'est l'E-reputation du web curator qui gonflera. Et gageons que d'ici là, d'autres moyens de monétiser son blog auront fait surface !

Mais à bien y réfléchir, il semblerait que cette merveilleuse trouvaille présente un sérieux écueil. Si les monceaux d'informations déjà disponibles sur le web peuvent fournir une base honnête de travail à tout cyber-documentaliste courageux, à quelle vitesse le système va t-il s'épuiser et commencer à tomber dans une mise en abîme ? Le terrain de jeu, même s'il semble volumineux, pourrait bien être quadrillé relativement rapidement, surtout si l'on considère que chaque nouveau curator moissonne des giga-octets de données et les régurgite sous forme de collections propres et bien classifiées, rendant ainsi obsolètes ou inexploitables (car déjà parcourues) les sources ? Exponentiellement parlant, cela risque d'arriver plus vite qu'on ne le croit.

De toutes façons, cette exploitation massive d'informations formulées par autrui risque également de soulever d'épineuses questions juridiques. Par exemple sur ce blog de l'Internaute Media. Je n'ai aucunement envie de retrouver mes écrits (quelle qu'en puisse être la valeur) regroupés dans une thématique "crowdsourcing" publiée et présentée par un autre ! Car cette syndication, cette dilution de masse des contenus ne fait que lisser les aspérités et vider les mots de l'essence que l'auteur aura pris soin d'y déposer.

Alors, on entendra de-ci, de-là : "oui, mais cela permet de faire découvrir tel artiste ou tel talent..."

Ce qui peut être valable pour certains médias l'est moins pour le web : ce n'est pas parce que beaucoup de journalistes font référence à la madeleine de Proust dans leurs articles (fussent-ils publiés sur le web ou en presse traditionnelle) que la masse d'internautes qui les lit s'empresse d'en découvrir l'origine et de dévorer "A la recherche du temps perdu". Idem pour la musique : si je vous dit que Massive Attack sample le Mahavishnu Orchestra dans le titre "One Love" (album Blue Lines), irez-vous acheter l'album (génial au demeurant) "The Inner Mounting Flam" ?

Alors, commissaires d'exposition dans la vie réelle (IRL), oui; sur le web, moins évident car moins pertinent : pas assez de temps.

Un commentaire

Le mercredi 2 février 2011, 08:52 par Eric
Effectivement, comme vous le dites le système risque de s'épuiser et commencer à tomber dans une mise en abyme, mais ce n'est pas pour ça qu'on tomberait dans l'abîme! Le web (et tous les systèmes textuels) sont faits de citations et de citations de citations. Seulement, ce qui nous guide dans ces monceaux de textes, ce sont des auteurs, des lecteurs (parfois des curateurs?) qui nous aident à y voir plus clair!